- gabarre
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1 ♦ Mar. Ancien bâtiment de charge dans la marine de guerre. — Embarcation, souvent plate, pour le transport des marchandises. ⇒ allège. « le quai, d'où jadis partaient tant de gabares » (Chardonne).2 ♦ Filet de pêche. ⇒ seine.gabare ou gabarren. f. Grand filet de pêche semblable à la senne.⇒GABAR(R)E, (GABARE, GABARRE)subst. fém.A. — MARINE1. Domaine de la marine de guerre, vieilli. Bâtiments de charge ou de transport. Gabare à trois mâts, du port, de trois à quatre cents tonneaux :• Enfin le lendemain à sept heures du matin, nous laissâmes tomber nos ancres au milieu de quatorze navires français parmi lesquels nous reconnûmes avec plaisir deux bâtiments de l'État, la gabarre la Lionne, et le brick le Lancier.DUMONT D'URVILLE, Voy. Pôle Sud, t. 10, 1846, pp. 17-18.2. Embarcation plate et pontée qui sert, sur les rivières et dans les ports, à transporter des marchandises, à charger ou à décharger les navires. Gabare à voiles, à rames, à moteur. De lourdes gabares débordantes de marchandises (FLAUB., Tentation, 1874, p. 22). La Seine, par l'humide matinée de décembre, (...) sous le bras roide des grues démarre des barges d'ordures et des gabarres pleines de tonneaux (CLAUDEL, Connaiss. Est, 1907, p. 59).B. — Bateau de pêcheur (cf. BAUDR. Pêches 1827). P. méton. ,,Filet qui ne diffère de la seine que par la grandeur`` (Ac.).Prononc. et Orth. : [
]. Ds Ac. dep. 1762. Var. gabarre (Lar. 20e, Pt ROB.). Étymol. et Hist. 1338 (Comptes du trésorier des Guerres, Cout. de Bordeaux, art. 116 ds GDF. Compl. : nefs, gabarres et autres choses necessaires aus pons et passages sur la riviere de Garonne). Terme de la région de la Garonne et de la région ouest entre Loire et Garonne (cf. 1339, 1394, 1442 gabaro(t)tus, région de la Garonne ds DU CANGE; 1400 gabarre, région de Saint-Jean-d'Angély, ibid.), empr. à l'a. prov. gabarra, guabarra « bateau plat à voiles et à rames » (1379-82, Livre de Vie de Bergerac; 1408, 12 sept., Jurade de Bordeaux ds LEVY Prov.), lui-même prob. empr., comme l'esp. gabarra (dep. XVe s., doc. lat. de Fontarabie ds JAL), au basque Kabarra « id. » (ds Griera), gabarra, issu avec métathèse du lat. tardif
« barque recouverte de peaux » (cf. caravelle) : d'apr. FEW t. 2, p. 353 et COR., le mot basque explique à la fois la localisation géogr. des plus anc. attest., le déplacement de l'accent, k > g, la métathèse et le suffixe.
DÉR. Gabar(r)ier, (Gabarier, Gabarrier)subst. masc. Patron, matelot d'une gabare; manœuvre qui charge et décharge les gabares. [Des brigandages considérables] s'exerçaient sur la Tamise, au préjudice du commerce [vers 1798] (...) il y avait (...) les Bateliers chasseurs (Game watermen), les Gabariers chasseurs (Game lightermen) (VIDOCQ, Mém., t. 1, 1828-29, p. 364). — []. Ds Ac. dep. 1762. Var. gabarrier ds Pt ROB. — 1re attest. 1478 gabarrier (A. N. JJ 205, pièce 17 ds GDF. Compl.); de gabarre, suff. -ier.
ÉTYM. 1338; gascon gabarra, du grec karabos « écrevisse », et, au fig., « bateau, navire » en grec byzantin, avec métathèse p.-ê. dès le grec (cf., in Du Cange, lat. gabarrus « écrevisse de mer, poisson », trad. du grec karis). → Caravelle. Guiraud propose une dérivation du lat. gabbarus « grossier » (suivant l'idée de « nef grossière »).❖1 Mar. a Ancien bâtiment de charge, de transport, dans la marine de guerre. || Gabarre à trois mâts.b Embarcation généralement plate, servant au transport des marchandises, au chargement et au déchargement des navires. ⇒ Allège. || Gabarre à voiles, à vapeur. || Gabarre pontée, gabarre de rivière. — REM. L'Académie et la plupart des dictionnaires enregistrent l'orthographe gabare; mais dans l'usage, on écrit souvent gabarre.1 Et mon âme dansait, dansait, vieille gabarreSans mâts, sur une mer monstrueuse et sans bords !Baudelaire, les Fleurs du mal, « Tableaux parisiens », XC.2 (…) le quai, d'où jadis partaient tant de gabares chargées des barriques de la maison Pommerel (…)J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 119.2 Pêche. Grande seine (filet de pêche).❖DÉR. Gabarier, gabarot, gabarotte.
Encyclopédie Universelle. 2012.